L'idée
L'intrus
Bêtes, hommes ... Mes dessins me font rencontrer de nouvelles têtes : quoi de plus normal ?
Certaines se montrent parfois plus insistantes que d'autres. Celui-là, par exemple, s'invite souvent ces derniers temps dans l'image.
Que faire ? Il m'est venu à l'idée que ce type n'irait pas s'aventurer dans des contrées fantastiques, n'ayant rien de commun avec elles. Croyez-le ou pas, j'ai beau m'acharner à dessiner les chimères les plus improbables, il parvient encore à s'incruster !
A croire qu'il est toujours là, à guetter toutes les fois où je touche un crayon ou un pinceau, attendant cette occasion pour se jetter sur la feuille : écoeurant.
Quand, découragé, je me dis que je n'ai plus qu'à tout arrêter pour aller me coucher, voilà que dans la nuit, je sens sa main gambader en direction de la mienne.
Vous arriveriez à dormir dans ces conditions ?
Pas moi.
Donc je dessine.
Scorzesse
Les misogynes rechignent à admettre son existence.
Qu'une femelle soit pourvue d'un si magnifique dard, évidemment, ça peut être blessant.
Ceci dit, reste prudent, ô mâle fier et sublime quand, aux joies du baiser tu succombes !
De l'objet de tes délices, veille à toujours dénombrer les membres inférieurs.
Et n'en néglige pas les balancements.
Homunculus
Hier le mal a ressurgi.
Comme si des cavaliers de plomb manoeuvraient dans mon ventre.
Deux semaines que les douleurs persistent.
Par chance, grand-mère la guérisseuse sera au village demain.
Sourire de grand-mère :
« Ce n’est pas d’un exorciste dont tu as besoin, mais d’une sage-femme ! »
Je mène pourtant une vie chaste.
Elle m’explique alors que les vents ou les feuilles peuvent nous choisir pour matrice alors que nous sommes immobiles, assoupis sur un flanc de colline.
L’accouchement fût rapide.
Grand-mère avait son assortiment de lames.
Une césarienne et voilà ma créature entrant dans la lumière.
Quelle créature !
Simple tête impassible.
Grand-mère la plongea aussitôt dans un bain dont la recette est tenue secrète.
Chaque jour je passe devant le bocal posé dans la cuisine.
Je ne peux soutenir le regard de cette tête.
Elle comble pourtant mon instinct maternel.
J’ose finalement questionner ma grand-mère qui s’apprête à repartir.
« Tu vois pourtant bien qu’il n’y a rien de vivant là-dedans, il faut l’accepter : nombreuses sont, parmi les choses que nous enfantons, celles qui se figent d’effroi à la première rencontre avec le monde ».
Je me répète sans relâche ces paroles pour chasser l’angoisse.
Yoyo
Dirty case 7
"Mais comment avez-vous fait pour deviner que ça n'était pas le vrai Arthur Deluxe mais une nouvelle illusion de Florette ? (Nda : avez-vous remarqué combien je fais des efforts dans mes dialogues pour souligner la cohérence et la clarté du récit ?)
- Rien de plus simple, ma chère Dorothy : comment peut-on imaginer un seul instant Arthur Deluxe avec une cravate et une montre ? Ces deux erreurs grossières m'ont permis de démasquer Florette. La reine du mensonge se devait de s'incliner, ayant perdu le défi que je lui avais lancé !"